ENTREPRISE
Agri Obtentions : devenir le semencier de l’agroécologie
Agri Obtentions, l’entreprise de semences filiale de l’Inrae, confirme son positionnement de production de semences adaptées à la transition agroécologique.
L’entreprise Agri Obtentions a présenté son nouveau logo et ses orientations stratégiques à l’horizon 2030, devenir le semencier de l’agroécologie. Cette entreprise semencière, dont le siège est à Guyancourt (Yvelines), est une filiale de l’Inrae. Elle produit 10 000 tonnes de semences de grandes cultures par an pour un chiffre d’affaires de 16 millions d’euros. Tournée vers l’innovation depuis une vingtaine d’années, elle consacre le tiers de son chiffre d’affaires à la recherche et au développement. En 2023, elle a ainsi mis sur le marché vingt nouvelles variétés. Les agriculteurs la connaissent puisque des variétés de blé tendre comme barok et koreli ont pris des parts de marché significatives. « Des variétés résistantes aux maladies, qui permettent une réduction des produits phytosanitaires et évitent l’utilisation de béquilles chimiques », explique le directeur général Vincent Béguier. Agri Obtention est également leader en Ile-de-France avec « rebelde » un blé de force, riche en protéines. Elle est le premier obtenteur en France en triticale, (recherché par la meunerie), en protéagineux, en sarrasin, et en lentilles, avec la variété alicia, pour fournir les filières IGP du Berry et du Puy-en-Velay et de nombreuses variétés en gamme biologique.
Holobionte
Pour Vincent Béguier, « dans un contexte de changement climatique, l’entreprise veut être le fournisseur de diversité au service de la transformation agroécologique ». Cela signifie proposer une palette de variétés plus large pour s’adapter aux rotations avec plus d’espèces, notamment des légumineuses et réduire ainsi l’apport d’azote et de phosphore. Les recherches en cours, qui porteront leurs fruits dans quelques années, se focalisent notamment sur « l’holobionte », la faculté des plantes de mobiliser les fonctions microbiennes du sol, avec pour objectif d’utiliser moins d’engrais et moins de produits phytosanitaires. À côté des grandes cultures, Agri Obtention multiplie ses recherches sur la transformation des légumineuses, notamment la lentille avec l’Inrae de Dijon pour trouver des variétés résistantes à la bruche. L’obtenteur a également lancé un partenariat avec l’Institut français de la vigne pour mettre au point des variétés résistantes à l’oïdium et au mildiou. Il est également présent dans les arbres fruitiers et les potagères. L’entreprise travaille avec 170 agriculteurs multiplicateurs sur cinq sites répartis en France. « C’est cette présence sur le terrain qui est la meilleure façon d’aborder le changement climatique », explique François Cuvelier, directeur commercial. « Nous avons connu des records de sécheresse sur la station expérimentale de l’Inrae de Clermont-Ferrand, et l’on peut s’adapter en fonction de ce que l’on constate sur nos parcelles d’essais ». La force d’Agri Obtention est de fournir des solutions opérationnelles aux agriculteurs car elle peut prendre des risques. Olivier Legall, directeur de recherche à l’Inrae et président d’Agri Obtention l’exprime de la manière suivante : « Agri Obtention est le bras armé de l’Inrae. Les semences sont le pilier de la transition de notre alimentation. Pour trouver des solutions il faut de la génétique afin de produire mieux avec moins d’intrants ». Le semencier poursuit ses recherches et espère atteindre un chiffre d’affaires de 25 millions d’euros en 2030 dont 80 % issus de produits agroécologiques.