Renouvellement des générations
Relever le défi de l’installation

Depuis le 17 novembre et jusqu’au 1er décembre 2023, les chambres départementales d’agriculture se mobilisent en Auvergne-Rhône-Alpes, pour la 8e édition de la quinzaine de la Transmission-Reprise. 

Relever le défi de l’installation
La DJA a été réformée en janvier 2023. Elle est un outil précieux d’aide à l’installation pour doubler le nombre d’installations aidées d’ici 2027.

Chaque année, en France, ce sont 20 000 chefs d’exploitation qui cessent leur activité, contre 10 000 à 15 000 candidats qui s’installent en agriculture. D’ici 2026, plus de 30 % des chefs d’exploitation atteindront l’âge de la retraite. Face à ce défi de taille, le réseau Jeunes agriculteurs Auvergne-Rhône-Alpes (JA Aura) continuent d’accompagner les jeunes dans leur installation. 

La taille de l’investissement

« Les productions dites « traditionnelles » comme l’élevage ont tendance à moins attirer les jeunes », explique Clément Rivoire, vice-président de JA Aura. Si la tendance à l’installation en 2023 concerne davantage les filières d’élevage en bovin lait (30,3 %) et bovin viande (21,9 %) ou encore le maraîchage (11,4 %), ces filières n’attirent malheureusement plus assez depuis ces dernières années pour permettre un renouvellement des générations. L’une des raisons évoquées : le capital à investir lors de l’installation. « Les productions qui nécessitent un moindre capital au départ ont plutôt le vent en poupe, avec de la transformation et de la vente directe, notamment le maraîchage ou l’élevage de petits ruminants. Mais n’oublions pas que le temps de travail reste un grand frein, tout comme la rentabilité de production », précise l’éleveur rhodanien. 

Une DJA avantageuse

Depuis le début de l’année, la majorité des nouveaux installés ont entre 21 et 25 ans, quand les demandeurs de la dotation aux jeunes agriculteurs (DJA) sont de plus en plus âgés. « Les tendances laissent apparaître une majorité de très jeunes qui s’installent, mais en réalité ils ont de plus en plus de mal à franchir le cap. Nous voyons l’âge des demandeurs de DJA augmenter et passer d’une moyenne de 26 ou 27 ans à une trentaine d’années, entre 28 et 30 ans », explique Clément Rivoire.
La DJA, réformée en janvier 2023, est un outil précieux d’aide à l’installation, pour doubler le nombre d’installations aidées d’ici 2027. Le vice-président de JA Aura s’en réjouit, avant de déplorer que « cette aide a mis une dizaine de mois à se mettre en place. Les jeunes qui souhaitent s’installer ont besoin de trésorerie au démarrage, cela peut mettre en péril la viabilité d’une exploitation sur le court terme ».

Redonner de l'élan à l'agriculture

« Malgré la mécanisation beaucoup plus performante et de nombreuses campagnes d’incitation à l’installation, de la part de JA, mais aussi des chambres d’agriculture de la région, on constate que les jeunes se détournent malheureusement du milieu agricole en général ». D’après Clément Rivoire, ce désengagement n’a rien à voir avec une pénibilité liée au terrain : « Même dans les régions sans relief, faciles à travailler, il y a de plus en plus de terrains à l’abandon. Tous ces constats sont inquiétants, à la fois pour notre agriculture, pour la santé économique de nos territoires et plus largement, pour la souveraineté alimentaire de notre pays », conclut-il. C’est en ce sens que la quinzaine de la transmission-reprise s’emploie à redorer le blason de l’agriculture en permettant aux cédants, comme aux futurs installés, d’être accompagnés dans leurs démarches. Cette année, Jeunes agriculteurs est notamment intervenu à Saint-Mamet (Cantal) le 22 novembre : l’occasion d’échanger au travers de témoignages et de mettre en relief les avantages et les difficultés inhérents à la reprise ou à la transmission d’une exploitation.

Charlotte Bayon