Le point sur les surfaces assurées plusieurs mois après l’entrée en vigueur de la réforme de l’assurance récolte. Cette dernière vise à mieux couvrir les agriculteurs contre les caprices de la météo et les inciter à s’assurer.
Si la protection physique des productions est une piste face aux aléas climatiques, l’assurance est également l’un des atouts dans la manche des agriculteurs pour sauver leur production. Alors, face à la multiplication des aléas météorologiques (sécheresses répétées, gels tardifs, grêle…) et pour inciter davantage d’agriculteurs à passer le pas, une réforme du dispositif d’assurance récolte est entrée en vigueur en janvier dernier. Objectif affiché : mieux couvrir les agriculteurs contre les caprices de la météo. Le nouveau dispositif repose alors sur la solidarité nationale et le partage du risque entre l’État, les agriculteurs et les assureurs, le fameux dispositif à trois étages.
Un choc assuranciel
Avec cette réforme, l’État engageait une réelle incitation pour les agriculteurs pour s’assurer en renforçant notamment le taux de subvention des primes et cotisations d’assurance (70 % en 2023 contre 62 % en 2022) et en élargissant le périmètre des garanties subventionnables. Surtout, en cas de sinistre, les conditions d’indemnisation seront plus favorables pour les agriculteurs ayant souscrit un contrat d’assurance récolte, annonçait le ministre de l’Agriculture sur son site Internet. « Afin de protéger davantage les exploitants agricoles affectés par les évènements climatiques, l’objectif de la réforme est de créer un réel choc dans la diffusion de l’assurance récolte », note le ministère de l’Agriculture. Plusieurs mois après l’entrée en vigueur de la réforme, le choc a-t-il eu lieu ?
Des surfaces en hausse
Les agriculteurs semblent, en effet, être plus nombreux à avoir souscrit à une assurance. Début juillet, le numéro 2 de l’assurance récolte, Pacifica (groupe Crédit Agricole) annonçait à Agra Presse « une augmentation des surfaces assurées de quasiment 70 % ». Le directeur du marché de l’agriculture de Pacifica, Jean-Michel Geeraert soulignait un « très net intérêt des agriculteurs » toutes filières confondues pour le nouveau dispositif assurantiel. En grandes cultures, les surfaces assurées de Pacifica ont augmenté « de plus de 35 % » passant « d’environ 750 000 ha en 2022 à pas loin d’un million cinquante mille ha en 2023 ». En viticulture, elles « progressent de 60 % à peu près » pour atteindre « 110 000 ha ». En prairies, les surfaces assurées ont augmenté de 600 %, passant « de 50 000 à 350 000 ha ». Tandis qu’en arboriculture elles augmentent de 460 %, passant « de 2 500 à 14 000 ha ». Groupama, numéro 1, de son côté, atteignait à lui seul, 700 000 ha de prairies, soit 5 % des surfaces françaises. Toutes filières confondues, l’assureur atteint 9 000 contrats et près d’un million d’hectares supplémentaires, contre 7 000 nouveaux contrats annoncés fin mars et 550 000 hectares nouvellement couverts. En grandes cultures, l’assureur note un « développement important », avec une hausse de 11 % des surfaces assurées. En viticulture, le groupe enregistre une hausse de 5 %, « mais avec de fortes disparités régionales ». En arboriculture, il constate « une croissance nette, mais le taux de couverture reste encore trop faible au regard des enjeux climatiques ». Au niveau du marché global, Jean-Michel Geeraert estimait, qu’au moment de la déclaration, 33 % des surfaces nationales en grandes cultures, plus de 40 % des surfaces viticoles, 10 à 12 % des surfaces arboricoles et 10 % des prairies étaient assurées. Une « première estimation » qui doit être confirmée par un bilan consolidé du ministère de l’Agriculture.
M.-C. S.-B. avec Agra