Grandes cultures
Intercéréales sous le signe de l’engagement collectif

Après la récolte céréalière catastrophique de l’été dernier, l’interprofession céréalière réfléchit aux moyens de rebondir en plaçant « l’Humain au centre », selon Benoit Piétrement, son président.

Intercéréales sous le signe de l’engagement collectif
Lors de l'introduction de l'assemblée générale, le président d'Intercéréales, Benoit Piétrement, rappelle que 2024 a profondément marqué notre filière, de l’amont à l’aval : Face aux défis, il faudra rebondir collectivement, comme nous avons déjà su le faire pendant le Covid19 ou le conflit en Ukraine. Copy : Intercéréales

L’été passé, la récolte céréalière a été catastrophique. Celle de blé, la pire depuis quarante ans ! Les répercussions se ressentiront pendant encore de longs mois à tous les échelons des filières de la production, de la collecte et de la première transformation. Pour autant, « l’approche choisie ce 3 décembre pour cette assemblée générale est résolument optimiste : réfléchir aux moyens de rebondir en plaçant l’Humain au centre », a déclaré Benoit Piétrement, président d’Intercérales en prononçant son discours d’introduction. Quatre thèmes, abordés lors de la réunion, résument les pistes proposées : la motivation, premier moteur de la performance;  la culture des talents; la transformation des modèles de production et le soutien des pouvoirs publics. Les interlocuteurs sollicités pour traiter ces sujets partagent des valeurs tout à fait transposables dans l’agriculture et dans l’industrie de la première transformation. 

Valoriser les compétences

Parmi eux, Edgar Grospiron, ancien champion de ski, triple médaillé aux Jeux olympiques, et Hélène Gosselin, directrice générale des ressources humaines des Boulangeries Sophie Lebreuilly. Devenu conférencier en entreprises, Edgar Grospiron a détaillé les conditions requises pour motiver les ressources humaines en illustrant ses propos d’anecdotes puisées dans ses souvenirs. Il s’agit notamment de donner du sens au travail réalisé et le sentiment d’appartenir à un groupe en inscrivant chaque salarié dans une démarche de progrès et d’autonomie à la fois. Dans la région Hauts-de-France, Hélène Gosselin, a recourt à l’apprentissage (15 % des salariés du groupe) pour former un personnel compétent. Afin de fidéliser les salariés expérimentés, elle leur propose des plans de développement de carrière valorisant leurs compétences acquises au sein du groupe. Enfin, la directrice des ressources humaines atténue l’impressionnant turn-over de la nouvelle génération d’actifs de 20-25 ans en adaptant l’organisation de leur travail en fonction de leurs valeurs différentes de celles de leurs aînés.

Dégager des revenus

Lors de son intervention, la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, a affirmé que sa vision de l’agriculture, elle la « portera quelle que soient les fonctions qu’elle occupera à l’avenir », assure-t-elle. Sa réflexion tourne autour de trois axes : la production, le renouvellement des générations et la transition de l’agriculture incontournable pour l’adapter au dérèglement du climat. « Quand je vois quelle passion avec laquelle les jeunes tentés par l’élevage parcourent les comices agricoles, il faut veiller à ne pas éteindre la flamme. Il faut leur montrer que les éleveurs dégagent des revenus ». Les agriculteurs doivent aussi avoir les moyens de produire (accès à l’eau, sélections variétales, numérique etc…) pour tendre vers des modèles d’exploitation adaptés à la nouvelle donne climatique. Outre les multiples mesures d’urgence prises (prêts bonifiés partiellement garantis par l’État) depuis son entrée en fonction, l’action d’Annie Genevard « s’inscrivait aussi dans le temps avec l’ambition de faire taire la fatalité du décrochage de l’agriculture française, de la perte de sens et des moyens de production ». Mais « les filières agricoles ne peuvent relever les défis sans soutiens publics, on ne peut pas porter les objectifs seuls », a taclé Benoit Piétrement.  

Actuagri