Dans les Baronnies Provençales (Drôme), les arboriculteurs ont décroché leur indication géographique protégée (IGP) après neuf ans de travaux. Explications.
En 2015, après plusieurs années difficiles, un groupement d’arboriculteurs des Baronnies Provençales, dans le sud de la Drôme, se réunit autour d’un projet commun : l’obtention d’une indication géographique protégée (IGP). « L’abricot des Baronnies avait du mal à trouver sa place. Par rapport à notre produit, notre terroir, notre environnement et nos pratiques culturales, nous avions à cœur de défendre un produit de qualité », explique Franck Bec, président du syndicat de l’Abricot des Baronnies. « Une cinquantaine d’agriculteurs s’est fédéré autour de ce projet. Nous devions être unis pour se lancer dans cette démarche, travailler sur le cahier des charges et déterminer l’aire géographique. » Pour cela, les membres du syndicat ont pu s’appuyer sur le soutien de Benoît Chauvin-Buthaud, conseiller à la chambre d’agriculture de la Drôme, des collectivités locales et l’Institut national des appellations d’origine (Inao). « Nous avons également consulté d’autres IGP pour avoir quelques notions supplémentaires », se souvient le président.
La construction du cahier des charges a été la phase la plus difficile. « Nous ne voulions pas d’un cahier des charges strict, mais le plus naturel possible à l’image de notre production ce qui n’est pas facile à expliquer sur papier, avec les bons termes, les bons mots. Pendant cinq ans, le dossier a fait beaucoup d’allers-retours entre les services de l’Inao et les Baronnies ! »
Miser sur l’avenir
Le dossier a ensuite été présenté et reconnu en France par le Comité des Labels Inao, avant d’être transmis au niveau européen. « Le texte a été édité en vingt-sept langues. Les pays avaient leur mot à dire. L’un d’entre eux nous a notamment fait une remarque sur un point environnemental. Nous avons dû défendre notre dossier et expliquer que notre volonté n’était pas d’être en surproduction et d’abîmer la nature. Cela a retardé notre dossier d’un an ». Ce n’est que le 8 décembre 2023 que le dossier a été jugé complet par la Commission européenne et publié au Journal Officiel. L’IGP de cet abricot a été officiellement reconnue le 2 avril 2024, soit neuf ans après le début des travaux.
« C’est un soulagement pour la reconnaissance de notre territoire et de notre travail, mais aussi pour le maintien de nos exploitations de montagne », déclare Franck Bec. Depuis, les producteurs d’abricots essaient de tirer leur épingle du jeu. « Nous avons fait le choix d’inscrire 13 variétés à l’IGP, ce qui permet aux consommateurs de trouver des abricots des Baronnies du 15 juin au 15 août », stipule Franck Bec. Si la campagne 2024 a été marquée par le gel, 600 t d’abricots ont été vendues en IGP. « À terme, nous aimerions pouvoir en vendre 6 000 t. Les premiers retours metteurs en marché – consommateurs sont très prometteurs. » Dans les années à venir, les producteurs espèrent bénéficier d’une valeur ajoutée, avec une valorisation de 20 à 30 % sur les prix.
Amandine Priolet