« Est-ce que les jeunes seront prêts à vivre sans revenu ? »
À Lyon, les FDSEA et Jeunes agriculteurs de chaque département rhônalpin se sont retrouvés devant la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal). Plus de 80 tracteurs ont ensuite pris la route vers la préfecture régionale, où une délégation a rencontré la nouvelle préfète.

La mobilisation était finement orchestrée. Ce mardi 21 février, de nombreux agriculteurs rhône-alpins se sont donné rendez-vous dès 9 heures à Beynost, Brignais et La Tour-de-Salvagny pour partir en convois groupés. Leur destination ? La direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal).
Préoccupés par le renouvellement des générations
À 10 h 30, plus de 80 tracteurs étaient rassemblés devant le bâtiment, représentant l’État. « Agriculteurs en colère », « Laissez-nous travailler », « Pas de pays sans paysans ». Autant de slogans brandis, tandis qu’un camion déversait plusieurs tonnes de fumiers et de souches, symboles d’un profond mécontentement. « Aujourd’hui, ce terme de souveraineté alimentaire ne représente rien du tout, si ce n’est une plaque apposée sur le ministère, rue de Varenne, à Paris », s’est exprimé Jocelyn Dubost, président de Jeunes agriculteurs Auvergne-Rhône-Alpes, depuis une tribune devant la Dreal. Parmi ses multiples préoccupations figure l’installation des jeunes générations. Dans une dizaine d’années, 50 % des agriculteurs auront l’âge de partir à la retraite. Pour l’instant, deux tiers d’entre eux n’ont pas encore de repreneurs. La conséquence pourrait être dramatique : si rien ne change, près d’un quart de la surface agricole française pourrait disparaître.
« Est-ce que les jeunes seront prêts à accepter les sacrifices que nos aînés ont faits, c’est-à-dire de vivre sans revenu ? Moi, je ne le conçois pas du tout », a-t-il ajouté, face à de nombreux jeunes agriculteurs. Cette année, près de 1 000 d’entre eux se sont installés en Auvergne-Rhône-Alpes via la dotation jeunes agriculteurs. Une lumière au bout du tunnel ? Pas vraiment, car selon le président, « il faudrait que l’on en installe beaucoup plus ».
Une préféte jugée « à l’écoute » sur certains dossiers
À midi, c’est sous un tonnerre de tirs d’effarouchement que le cortège s’est dirigé vers la préfecture régionale. Une délégation avait rendez-vous avec la nouvelle préféte, Fabienne Buccio. « Nous avons exposé toutes nos demandes et nous l’avons sentie à l’écoute sur beaucoup de dossiers », déclare Jocelyn Dubost. L’entretien a duré prés d’une heure et demie et a permis aux agriculteurs rhônalpins et auvergnats, connectés en visioconférence, de s’exprimer. La profession a réclamé une meilleure rémunération et a dénoncé les diverses interdictions imposées aux producteurs, sans réelles solutions. « Elle nous a parlé de souveraineté et autonomie alimentaires et s’engage à faire remonter nos revendications », ajoute-t-il.
L’épineuse question de la prédation a également été évoquée. « Il va falloir l’amener voir la réalité du terrain, c’est-à-dire celle de fermes qui ont été touchées par le loup, car nous pensons qu’elle n’a pas pris conscience des enjeux sur notre région », affirme le président des Jeunes agriculteurs. À présent, tous seront attentifs aux différentes annonces qui seront faites par le ministre de l’Agriculture au Salon de l’agriculture.
Léa Rochon