Politiques publiques
La FNSEA demande plus de « lisibilité » pour les politiques publiques
Le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, a été reçu le 7 septembre à l’Élysée par le président de la République, Emmanuel Macron. L’occasion pour les deux hommes de faire un large tour d’horizon des dossiers chauds.
De l’aveu même d’Arnaud Rousseau, cette rencontre a été « directe et constructive », a-t-il déclaré dans une vidéo destinée à l’ensemble du réseau FNSEA. Il a fait part au chef de l’État du « décalage grandissant entre d’un côté une volonté affichée d’aller vers une souveraineté alimentaire française solidaire et de l’autre une réalité du terrain totalement différente en termes de perte de production et d’attaques régulières contre la profession agricole ». L’un des signaux les plus emblématiques de ce décalage est le dossier du gazole non routier (GNR). Par l’intermédiaire du ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, le gouvernement avait annoncé, le matin-même la suppression de la niche fiscale du GNR. Mais pour l’heure, il n’existe aucune solution alternative. Pourtant, la FNSEA propose depuis déjà quatre ans la construction d’une trajectoire permettant de trouver de remplacer le GNR. « Les propos de Bruno Le Maire ne sont pas audibles car il existe un risque réel de perte de compétitivité. Sans solution, il n’est pas question que cette niche disparaisse (…) », a expliqué Arnaud Rousseau à Emmanuel Macron.
4% de jachère, un sujet irritant
Autre dossier abordé entre les deux hommes : celui de la planification écologique. « Nous sommes allés dans le détail », a dit Arnaud Rousseau, expliquant avoir abordé les sujets de la prédation, en particulier celle du loup (après que l’OFB a revu à la hausse la population lupine), du glyphosate et des 4 % de jachère imposés aux agriculteurs. Pour Arnaud Rousseau, ces 4 % sont un « sujet qui irrite fortement la profession agricole » car non « la guerre en Ukraine n’est pas terminée », mais en plus on demande aux agriculteurs de produire davantage de biomasse. Face à « ce malaise et cette incompréhension du monde agricole de plus en plus grand », Arnaud Rousseau a proposé à Emmanuel Macron de travailler rapidement à la mise en place d’indicateurs. « Ce sont des éléments de mesures coconstruits entre la FNSEA et les représentants du gouvernement, pour pouvoir mesurer, deux fois par an, de manière neutre et dépassionnée, l’évolution et l’impact des politiques publiques sur le milieu agricole », a expliqué Arnaud Rousseau. « On ne peut plus seulement se contenter de commentaires. Nous avons besoin de visibilité », a-t-il ajouté. Enfin, la question du renouvellement des générations a retenu toute l’attention du chef de l’État. C’est ici l’un des points clefs du futur Pacte et loi d’orientation et d’avenir agricole dont les derniers ajustements ne semblent pas à la hauteur des attentes de la FNSEA : « le compte n’y est pas. Il faudra aller plus loin », a estimé Arnaud Rousseau. [Les premières mesures ont été présentées à Terres de Jim le 10 septembre. Lire ci-contre. NDLR].
Christophe Soulard
Défiscalisation du GNR : une première marche pour 2024
Interrogé sur la fin de la défiscalisation du gazole non routier (GNR), le 7 septembre en marge de sa visite au Salon Innov-Agri, le ministre de l’Agriculture a annoncé une première réduction de « 60 à 70 millions d’euros » (M€) en 2024, d’après un message envoyé par son cabinet à la presse. « C’est 5 % de l'avantage fiscal [d’un total] de 1,3 Md€ », précise Marc Fesneau. La veille, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a confirmé la volonté du gouvernement de supprimer totalement cette niche fiscale d’ici 2030 (avec peut-être une prolongation pour l’agriculture). « On ne peut pas continuer à financer les énergies fossiles. Dire que cela ne changera pas, c'est mentir aux agriculteurs », a justifié Marc Fesneau. Le locataire de la Rue de Varenne dit avoir « obtenu que cela (les sommes économisées par la fin du tarif réduit, NDLR) revienne au monde agricole ». Dans le détail, son collègue de Bercy a évoqué un « fonds de soutien à la transition » qui pourrait être inclus dans la LOA. Interrogé par Agra Presse, la FNSEA réaffirme sa volonté d’une « compensation à l’euro près, dans des modalités faisables », sans cacher son scepticisme sur la proposition de Bruno Le Maire « d’investir dans des matériels dans des matériels qui n’existent pas encore ».