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Campagnols : une appétence particulière pour les pissenlits

Adrien Pinot, écologue et maître de conférences à VetAgro Sup Clermont, a réalisé une étude démontrant que la présence de pissenlits augmente la prolifération des campagnols terrestres.

Campagnols : une appétence particulière pour les pissenlits
Adrien Pinot, écologue et maître de conférences à l’institut VetAgro Sup Clermont, a mené une étude sur les préférences alimentaires des campagnols terrestres. ©Hélène LISSE

De quoi se nourrissent les campagnols terrestres ?

Adrien Pinot : « Les campagnols terrestres mangent tout ce qui est vert. Mais s’ils ont le choix, ces derniers vont s’orienter vers les pissenlits, les légumineuses comme le trèfle blanc. Nous avons surveillé 35 ha de surface avec un drone, ce qui nous a permis de cartographier les étendues de pissenlits. Nous avons ainsi pu remarquer que les campagnols s’installent là où il y a des pissenlits. »

Cela veut-il dire qu’un agriculteur doit retirer ces espèces de ses parcelles ?

A. P.: « En écologie, le on/off ne fonctionne jamais. Le but n’est pas de retirer la totalité des pissenlits, mais de réduire leur densité, afin de diminuer la pression. Il faut également traiter lorsqu’il y a une basse densité de campagnols, afin de limiter la production de jeunes à l’échelle de la population. En dynamique des populations, nous avons tendance à rattacher la reproduction à l’individu, ce qui ne changera pas avec le traitement, puisque la taille moyenne de portée restera de quatre. Nous cherchons à diminuer le nombre de femelles qui peut mettre bas. »

Comment reconnaître un dégât de campagnols ?

A. P.: « Les campagnols remontent à la surface et créent des monticules de terre qu’il est possible de distinguer lorsque la personne est formée. Ce phénomène est plus facilement visible une fois les travaux de fenaison faits, puisque ces derniers abîment leur galerie et les obligent à remonter à la surface de la terre pour remettre leurs réseaux en état. »

Propos recueillis par Léa Rochon

Cette photographie prise dans le secteur d’Aurrières (Puy-de-Dôme) en mai 2023 représente la variation des densités de pissenlits dans les prairies naturelles au printemps. Les parcelles les plus jeunes peuvent avoir jusqu’à 80 fleurs par m². Les campagnols sélectionnent les zones où il y a le plus de pissenlits pour s’installer. Les parcelles très jaunes sont plus attractives que les autres. Toutefois, la densité de pissenlit ne semble plus avoir d’importance à partir d’une vingtaine de fleurs par m², l’endroit est alors très favorable. ©Adrien Pinot